Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Grouiiiiiik !!!
3 juillet 2009

2932 - L'homme au visage brûlé

Texte de G. Balland sur un ancien "collage". Retrouvez-nous sur

http://jedouble.canalblog.com/

Pagenas18

Ce n’était pas la première fois qu’elle  voyait l’homme au visage brûlé mais là, elle avait failli pleurer. Il était accompagné d’une jeune femme, il souriait, et elle avait bien vu qu’il l’évitait. Mais ce n’était pas tout,  il avait  mis un pull vert qui donnait une autre couleur à son âme.
Hier, des policiers lui avaient rendu visite, ils voulaient qu’elle leur décrive  la femme, mais à quoi cela aurait-il servi ? Elle leur avait juste dit qu’elle était belle, très belle, et que ses cheveux avaient la couleur des blés brunis par le soleil.
Sa première rencontre avec l’homme au visage brûlé avait eu lieu trois mois plus tôt, chez l’épicier qui faisait l’angle de la rue. Il l’avait fixé de ses yeux noirs, enfoncés dans les orbites, et elle avait vite baissé les siens. Elle le rencontrait presque chaque matin, à croire qu’il l’attendait. Le soir, quand elle se couchait, elle avait pris l’habitude de penser à lui. C’est parce que la vie sans lui était un morne désert que tout était arrivé, mais aurait-elle la force de le dire aux policiers ? Et si jamais elle s’effondrait, si elle versait des torrents de larmes comme le jour de la mort de son père.
Petit à petit entre elle et  l’homme au visage brûlé, l’amour s’était glissé, mais comment aurait-il pu comprendre que cette jeune femme brune et triste qu’il voyait chaque matin l’aimait d’une si étrange façon ?
Elle s’était attachée aux cicatrices qui cadenassaient son âme et à  ce manteau de solitude jeté sur ses épaules. Parfois ils allaient ensemble s’asseoir à la terrasse du café de Paris et il l’écoutait parler sans jamais l’interrompre. Elle ne savait rien de lui si ce n’est l’accident de voiture et les flammes qui lui avaient brûlé le visage. Il vivait loin du monde, elle aussi, il ne semblait pas avoir d’amis, elle non plus, cela seul avait de l’importance.
Elle lui disait tout, ou presque, et lui se contentait de hocher la tête, mélancolique, en grimaçant un sourire que les cicatrices rendaient douloureux. Il l’écoutait si bien et avec une telle patience que ce jour-là, quand elle l’avait vu avec la femme aux cheveux blonds, elle avait ressenti une morsure dont le venin avait pénétré son âme. Lui pardonnerait-il un jour ?
Demain elle irait au poste de police et elle avouerait que c’est elle qui l’a tué.

Publicité
Commentaires
P
Et le nôtre aussi :D
F
Que cette rencontre esthético-littéraire est riche en échos d'imaginaires qui semblent se répondre et se répercuter pour le plus grand plaisir des observateurs.
P
... Et pas que ça, vu votre texte :D
G
Votre collage m'évoquait un univers de "dévastation", de terres brûlées...
Publicité
Derniers commentaires
Publicité